


C’est fou ce que le temps passe vite…
Une porte se ferme et nous voilà à l’automne de notre vie !
Un
automne apaisé, aux tons mordorés et chauds.
Une
saison intermédiaire, un armistice des cœurs…
Le
temps d’un bilan…. Non ! Je n’aime pas ce mot. Il fait
comptable, résultat. Nous n’avons aucun compte à faire,
aucun résultat à donner, rien à prouver.
C’est simplement le moment de se retourner et de regarder
sans complaisance, mais avec fierté, l’horizon de notre
passé.
Il
est beau n’est-ce pas ? Avez-vous remarqué combien le soleil
couchant irradie cette autre rive, portail de notre
jeunesse ? Il est feu, chaleur, joies, musiques, parfums…
Il est kaléidoscope des souvenirs.
Des
souvenirs bien sauvegardés dans un coin de notre cœur, si
fragiles qu’il ne fallait pas les exposer à la lumière, des
souvenirs acérés qui auraient pu blesser, des souvenirs
rugissants, qui auraient pu choquer.
Aujourd’hui, ce temps est à nous. C’est notre automne, doux,
feutré, moment propice, temps choisi…
Qui
sommes-nous ? Que sommes-nous devenus ?
Nous sommes « nous », avec cet amour intact pour notre
terre, avec notre diversité ethnique, notre tempérament
bouillant, notre musique hispano-arabe, nos parfums d’anis
et de menthe.
Nous sommes « nous » avec cet accent inimitable que nous
avons semé du Nord au Sud et d’Est en Ouest.
Nous sommes « nous » avec dans un coin du cœur, une « malle
aux souvenirs », foyer d’émotions, album animé, d’où
surgissent le doux baiser d’une mère, les secrets
d’écoliers, le premier rendez-vous, le trouble du premier
baiser…
Banal n’est-ce pas ? Peut-être pour « eux », les « autres ».
Ils sont là depuis toujours. L’école de leurs enfants,
c’était la leur, leur premier baiser, c’était là, au coin de
la rue, juste en bas…
Pour « nous », c’est différent ! Notre pèlerinage, c’est
notre mémoire. Il ne reste plus que cela…
Nous avons dû nous battre, nous débattre pour enfin
retrouver le sens de notre vie…
Le
chemin fut long, parfois chaotique, mais au diable les
pessimistes et les râleurs, nous sommes forts de cette race
de vainqueurs qu’étaient nos ancêtres…
Regardons-nous, aujourd’hui… petits poucets, géants de la
vie. N’êtes-vous pas fiers de vous ? Moi, oui !
Tous ceux qui nous ont rejetés, calomniés où sont-ils
aujourd’hui ? Savent-ils, qui nous sommes vraiment ?
40
ans… En 40 ans nous avons fait beaucoup de chemin. Nous nous
sommes
« mêlés » aux « autres », avons fondé des familles, nos
enfants sont nés en France, au Canada, en Australie, en
Amérique…. Nous sommes toujours des immigrés et là est notre
force. Partout dans le monde nos descendants chanteront « Ay
Oran », mangeront du couscous et de la calentica,
n’oublieront jamais la kémia à l’apéro et la mouna à Pâques
après une paella gigantesque.
N’est-il pas beau, notre héritage ?
Nous sommes une Nation avec son entité, son « parlé », son
folklore, sa cuisine, ses cultures…
Ne
l’oublions jamais !
Angèle Koster
08/O4/2005

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